Qu’est-ce qu’être une femme, aujourd’hui ?
Être révoltée, face à certains aspects de la vie quotidienne, d’ici et d’ailleurs
Être touchée lorsque les jeunes générations cassent les codes de l’ancienne
Combattre, pour pouvoir arpenter les trottoirs en se sentant chez soi partout
Exiger justice
Faire preuve de tolérance avec celleux qui ne pensent pas comme nous
Être bruyante, dans la colère comme dans la jouissance
Être puissante.
Voyager, seule ou accompagnée. Ne pas écouter les âmes peureuses qui tenteront de nous en dissuader.
S’insurger, face aux chiffres ou aux images
Être d’une générosité sans limite.
Pouvoir être aussi bien en couple libre, fidèle que célibataire
Être philanthrope
Fumer et boire trop
Être optimiste, face aux évolutions des lois et des pensées
Ne pas être obligée de sucer, ni de s’interdire de sucer
S’informer
Se surpasser, dans le seul but de s’enrichir intellectuellement, spirituellement, émotionnellement
Boycotter
Relever les blagues misogynes. Ne plus les alimenter, ne plus en rire
Être née individu, devenir femme, puis s’écouter à être homme
Redevenir individu.
Être solidaire, exterminer la notion de compétition, mettre un point d’honneur à alimenter la sororité
Être confiante, tant en l’avenir qu’en nous-mêmes
Pouvoir se permettre de viser, puis d’atteindre, ce qu’il y a peu, nous était formellement interdit
Ne pas tenter de plaire à tout le monde, encore moins à tout prix
Être un individu complexe et en perpétuelle évolution
Se nourrir d’amour, de pulsion et de raison
Rejeter les dictats qui pèsent sur nos épaules, les soulever à bout de bras et les envoyer valser
Se plaire juste à soi.
Aller à l’encontre de ce qu’on attend de nous
Garder le point levé, même dans la rue
Garder le point levé, même dans la vie professionnelle
Garder le point levé, même dans l’intimité
Envoyer bouler les mannequins photoshopées
Aimer
Faire preuve d’une bienveillance démesurée
Donner sans compter, et accepter, puis exiger de recevoir autant
S’octroyer du plaisir à toute heure du jour et de la nuit
Prendre de la place
Rire à en faire trembler les murs
Prendre part aux débats étatiques
Prendre part aux décisions politiques
Pouvoir être carriériste
Croire en ses choix
Et en sa force
Puer la sueur ou avoir mauvaise haleine
Et laisser pousser ses poils sous les aisselles, sur les jambes, partout ailleurs
Ne pas vouloir travailler jusqu’à l’exploitation
Être mère, ou non.
Ne pas se sentir obligée d’avoir des enfants, ou même d’en ressentir l’envie.
Être hétéro, bi, homo.
Avoir le droit de porter un voile ou une jupe courte, et que personne ne vienne questionner ce choix.
S’écouter.
Au-delà d’être une femme, être une personne à part entière.
Et pouvoir dire que dans le fond, on s’en fout.
Pouvoir dire que cette bipartition n’a plus de sens.
Que parmi nous, il y aura toujours des gens bien et des cons. Qu’on croit toujours faire partie des bons. Quelle que soit la catégorie : les fanfaronnes ou les timides, les égratignées ou les épargnées, les nées avec une cuillère en argent dans la bouche ou celles qui avaient un bout de bois en guise de doudou, les gentilles ou les méchantes, les torturées ou les paisibles, les agressives ou les pacifistes, les gauchos ou les droitistes, les blasées ou les émerveillées, les droguées ou les prôneuses de bonne santé, les terre-à-terre ou les rêveuses, les pudiques ou les dévergondées, les sportives de haut niveau ou les molles du maillot, les canons ou les laides, les hyperactives ou les contemplatives, les douces ou les rudes, les chanceuses ou les poisseuses, les libidineuses ou les chastes… On est tous le con de quelqu’un, peu importe qu’il soit masculin ou féminin.
Surtout, on est bien plus qu’un simple qualificatif.